A Bruxelles, Bemba et Katumbi ont demandé à Fatshi de retirer sa candidature au profit d’une transition sans Kabila. Katumbi a assuré qu’il a les moyens pour cela, mais Fatshi se montre encore réticent. Quant à Vital Kamerhe, JP Bemba a déclaré qu’il ne fera jamais voter ses militants pour un candidat de l’Est. Les « conjurés de Bruxelles » vont bientôt se retrouver en Afrique du Sud puis en France et aux USA mais à Luanda, Reynders s’est fait dire qu’il n’est pas question d’une solution armée en RDC qui déstabiliserait l’Angola.
Chaque jour qui passe en rajoute aux révélations sur ce qu’auront été réellement les échanges d’un groupe de leaders de l’opposition à Bruxelles. Dans notre précédente correspondance, en effet, nous faisions savoir que le fond de cette rencontre n’était nullement le contenu du communiqué conjoint qui n’a fait que reprendre les déclarations que ressasse l’opposition depuis des mois.
La vérité, comme nous l’indiquions, est que les leaders de l’opposition réunis dans la capitale belge ont examiné les voies et moyens de créer les conditions pour l’instauration d’une transition sans Kabila. Les nouveaux éléments qui nous parviennent indiquent qu’à ce sujet, il a apparu des divergences entre ceux que l’on appelle déjà les « conjurés de Bruxelles ».
Nos sources indiquent, en effet, que Moïse Katumbi et Jean-Pierre Bemba ont explicitement demandé à Félix Tshisekedi de retirer sa candidature pour faciliter le déclenchement de la procédure quant à une transition sans Kabila. Moïse Katumbi a assurer ses interlocuteurs qu’il a les moyens de faire instaurer une transition sans Kabila au cas où ils réussiraient ensemble à boycotter les élections, ce sur quoi Félix Tshisekedi s’est montré particulièrement réticent.
La réunion s’est ainsi terminée sans un accord clair, à ce sujet. Adolphe Muzito s’est, ensuite, envolé pour Paris hier jeudi 13 septembre 2018, envoyé par leurs coaches belges pour convaincre les français de soutenir leur démarche. Muzito a également reçu mandat de Didier Reynders, André Flahaut et Herman De Croo de tout faire pour rassembler l’opposition autour d’une cause consensuelle. Il est également en contact avec Charles Michel, Premier ministre belge, avec qui il s’entretient régulièrement par téléphone. « Il préfère encore avancer masqué », commente notre source.
C’est sur base de cette responsabilité que Jean-Pierre Bemba l’a appelé au téléphone pour lui signifier qu’il ne sera jamais question pour lui (Bemba), au cas où les élections auront lieu, de voter ou faire voter pour un candidat de l’opposition originaire de l’Est. Le chairman du MLC faisait là allusion à Vital Kamerhe.
Pour la suite de leurs démarches, les « conjurés de Bruxelles) » ont convenu de se rendre très prochainement en Afrique du Sud pour poursuivre leurs contacts. Ils retourneront ensuite à Bruxelles avant de répondre aux rendez-vous de Paris puis de se rendre aux USA. Mais, comme nous nous le demandions dans notre précédente correspondance, la question est de savoir s’ils trouveront une oreille attentive au sujet de leur projet, surtout auprès des africains à qui les occidentaux veulent faire sous-traiter leurs projets. En effet, déjà lors de son dernier séjour à Luanda, Didier Reynders s’est fait clairement signifié qu’il n’est pas question, pour l’Angola, de soutenir une solution armée qui risquerait de déstabiliser ce pays.
Léon Kroegell
(Correspondance particulière à Bruxelles)